Expo collective “AMORCE”
Une nouvelle exposition collective prend place dans le cloître de L’Espace Prémontrés. 4 artistes peintres viennent nous exposer leur travail, c’est déjà une très belle découverte pour nous, et nous espérons que cela va aussi vous surprendre.
Compère Rémy
La grande majorité de mes peintures naissent de photos que j’ai eues l’occasion de prendre à Liège. Les architectures représentées sont généralement des bâtiments industriels. Ils attirent mon regard car leurs structures imposantes créent une composition intéressante dans mes photos. La nature y reprend petit à petit ses droits et nous offre des ambiances uniques selon les structures des bâtiments encore présents. De nombreux bâtiments dans ce style sont accessibles dans la cité ardente. Liège est une ville ayant un passé et une histoire industrielle importante. Lorsque l’activité industrielle à Liège ne cessait de grandir, de nombreuses lignes ferroviaires virent le jour pour le transport de marchandises. Elles n’ont cessé de se développer. Depuis 2018, une ligne ferroviaire relie même Liège à la ville d’Yiwu en Chine. L’activité ferroviaire est ici un point majeur de l’économie belge et liégeoise. Ces dépôts et ces lignes ferroviaires, généralement peu entretenus, se laissent ensevelir par les mauvaises herbes et autres végétaux. Ce mélange avec la nature crée ainsi des ambiances riches et uniques que je ne peux m’empêcher de photographier. La présence humaine m’importe peu dans ce contexte, le lieu parle de lui-même. La composition choisie et les couleurs utilisées sont les médiums qui me permettent de partager l’ambiance et l’intérêt que j’ai vis à vis de ces lieux. L’existence de ces endroits est sans intérêt ou dérangeant pour une majeur partie de la population. Ces terrains cachent, en vérité, un certain charme à travers l’histoire de ces bâtiments et grâce à la flore renaissante qui y refait surface. Mon but ici est d’amener un nouveau point de vue et de casser cette image grise, négative et froide que rejette tous ces sites industriels présents à Liège et en Wallonie.
Gréard Mathilde
Je pense, et cela est bien l’une de mes plus grandes croyances, qu’aucun de nous, Être-humains, n’existe par hasard. Comme à la manière d’un mécanisme de montre où le moindre engrenage sert au bon fonctionnement de celle-ci, chaque individu, homme ou femme, peu importe son statut, son vécu, son éducation, chaque rencontre, concrète ou non, altruiste ou égoïste apporte quelque chose et participe selon moi, au bon fonctionnement de l’humanité.
Là est le point de départ constituant mon rapport au monde : Depuis toujours, je cherche à comprendre qui apporte quoi, que ce soit dans un contexte moral ou cérébral, émotionnel ou sensitif, comme une quête à toujours apprendre de l’autre pour s’apprendre de soi-même, grandir et se forger dans l’expérience. Ainsi, à mieux sentir la vie, d’en trouver une certaine saveur et de s’y trouver dans l’existence. Écrire dans des journaux intimes depuis l’âge de 8 ans a clairement amplifié ces réflexions. En étant attentive au monde, aux rencontres, en déduisant des leçons des circonstances, des événements les plus quotidiens, j’ai toujours voulu immortaliser pour me construire.
→ Qui ai-je fréquenté ? Quelle est son histoire ? Pour quelles raisons nos chemins se sont-ils croisés ?
Ma pratique se réfère donc au portrait humain : les personnes de mon quotidien, que je côtoie ou rencontre, avec qui je me lie d’amitié, d’amour, celles de mon cercle familiale. Je m’intéresse à la source de l’individu, ses modes de vie, choix, styles vestimentaires, leurs différentes expériences et fréquentations à savoir : ce qui fait qu’une personne est unique et finalement, selon moi : ce qui fait qu’une personne est attrayante, belle, admirable, lumineuse, existentielle.
Lorsque je vous peins, c’est la pulsion de vouloir immortaliser ce que j’ai saisi, senti de ce que votre personne émane. C’est l’envie de partager l’enrichissement de ma notion au monde et combien je grandis au travers de tout ça. Le rythme qui accompagne mes actions de vie comme faire les courses, marcher en ville, entretenir mon logement, conduire vers une destination et donc notamment, la mise en œuvre d’une peinture, a toujours été très actif, instantané, prompt, fulgurant, stimulée par le simple fait d’optimiser. L’année passée j’étais persuadée qu’avec cette caractéristique, je me devais de produire dans l’action, l’impulsion, l’essor, le geste. Aussi, je me rendais compte que travailler dans la dilution lorsque la peinture est encore fraîche, me permettait de vraies qualités techniques et de m’exprimer de façon plus honnête. J’ai donc beaucoup réfléchi à ce que c’était d’être dans l’emportement en peinture. Est-ce que le fait d’agir dans le vif serait-il lié à la présence d’une pression ? Est-ce que la stimulation est-elle synonyme d’empressement, d’hâte ? Suis-je réellement en train de réfléchir à la peinture lorsque je peins en ayant ce comportement ? Pour cette période-ci, je parlerai plus d’efficience : tout se jouait dans la rapidité et l’optimisation. Je partais du principe qu’il fallait surtout faire, faire, faire. S’entraîner pour comprendre, et, préoccupée par le temps qui passe, qu’il n’y avait pas de temps à perdre. Or, aujourd’hui, depuis que je suis sortie d’un système scolaire et que mon rythme de production pictural ne peut être journalier, je me sens comprendre l’efficacité à l’efficience : chercher à faire les bonnes tâches et peu importe le temps que cela prendra.
Je réalise que peindre des portraits, certaines attitudes, d’être au fur et mesure attirée par le motif par exemple, de sélectionner certains formats de toiles, un cadrage, quel personnage sera mis davantage en avant, etc … Toutes étapes de productions sont de réelles prises de décisions qui nécessitent du temps. Du temps, du calme, du recul, pour comprendre le matériau subtil et complexe qu’est la peinture à l’huile lorsque le séchage ternise les teintes, et arriver le plus proche possible d’une sensible réalité.
La construction de ma peinture est donc revue en entier depuis quelques mois : il faut être stratégique. J’ai aimé que les premiers passages de ma peinture manquent de contrastes permettant de ne pas passer au-dessus des derniers, mais j’ai également aimé pouvoir revenir naturellement sur des détails parce que cela permettait de rehausser une profondeur de meuble, une matière brillante, un dessin, un motif de
carrelage. Il y a donc peu de temps que je réfléchis réellement à la peinture lorsque je peins. Je comprends l’importance du temps de conception et le fait que la peinture avance autant d’elle-même. Ce recul dû aux pauses entre chaque passage à l’atelier, désacralise la représentation. Actuellement, j’ai le sentiment d’être beaucoup plus libre, détachée, en accord avec « le risque », le laisser aller instinctif.
Manon Clavier
Chaque jour, je retrouve le motif dans l’objet artisanal comme le tissu dont les tapis, les pulls, les essuis, les nappes, ou sur quelque chose de plus industriel dans les objets utilitaires, des services de table, à thé, à café… Mais, peu importe leur origine lorsqu’ils s’immiscent dans notre foyer pour devenir un symbole sentimental. Cette essence ainsi choyée, naît d’une lumière intime de ma mémoire qui propage une nouvelle réalité d’être. Il prend non seulement leur place dans un ordre, mais une communion d’ordre. D’un objet à l’autre, ils tissent des liens qui unissent mon passé au jour nouveau. Ce corps devient mon héritage.
Ma peinture représente des scènes de vie, une capture, un zoom d’un moment vécu. Le motif n’est pas là pour embellir mais pour solliciter des souvenirs profonds en moi. Cette matière se situe partout autour de moi que je range dans deux catégories. Une catégorie peinture et la catégorie objet pour devenir à la fin une entité. Ce mécanisme me sert à représenter différents moments dans le même temps jusqu’à ce que je sente qu’ils parlent d’eux-mêmes.
Ce zoom en répétition me permet de ralentir le temps sur mon entourage. Toutes, ces petites choses devenues abstraites peuvent rassembler tout une personne dans un seul espace. La superposition de fragments devient une forme comme un empilement de scènes, de moments importants qui peut créer un rythme visuel.
Le rassemblement de tous ces éléments dans le même espace vont modifier les différents plans ce qui peut m’apporter un monde sans perspective. Le motif permet d’orienter les yeux dans ma mémoire. À travers ce regroupement de peintures d’objets et de motifs, ce tout devient mon héritage dans un nouvel univers, ce corps devient un symbole personnel de ma vie.
Bulthuis Damien
Ma peinture est intrinsèquement liée à mon espace, à l’actualité, à mes passions dans lesquelles je me réfugie tels les jeux vidéo, le cinéma, la lecture , l’animation …
Au commencement, j’ai un regard attentif sur ce qui se crée afin de déterminer comment agir par la suite. Je veux me laisser guider puisque dans ce que je pense contrôler subsiste toujours l’incontrôlable.
Dès lors que je tente d’atteindre un lâcher prise, j’espère constamment l’inattendu. Mes gestes me conduisent vers un levier mental pour décider d’entreprendre. J’essaye de me détacher des images tout en les conservant au fond de ma mémoire physiquement pour que mes vives intentions picturales se déploient sur la toile pour lever un voile sur les mystères qui m’animent.
A travers mes supports variés j’essaye toujours de leur conférer leur identités propres. Tel que chaque peinture n’aurait pas pu exister si elle n’avait pas été considérée avec ces particularités matérielles. Mes recherches picturales s’articule autour de thématiques variées , les sujets récurrents sont l’humain et l’aspect animal . Ensuite cela peut se transformer tel qu’ un animal peut se fondre dans un paysage ou le devenir lui-même. Avec mon acharnement à vouloir une forme ,à chercher telle couleur .
Les coups de pinceaux et même parfois de spatule ou d’autres ustensiles s’entremêlent et des lignes peuvent apparaître et me dicter ce que je dois faire . J’ai aussi l’envie d’ y insuffler un mouvement , un dynamisme , représenter ce qui n’est pas perceptible. J’aime rendre un sujet visible et à la fois non visible quitte à tendre vers l’invisible . J’ai l’envie d’ajouter et d’enlever mais lorsque ma vision me dit que c’est terminé.
Je laisse reposer et attends un nouveau jour. C’est ainsi que je détermine si je ne dois plus y toucher pour que je puisse l’exposer .Et ainsi rendre visible une partie de ce que je cherche à retranscrire . Tous mes états d’âmes , ma sensibilité , mes émotions vont me guider sur ce que doit être ma peinture . Et à vif , constater dans l’instant de peindre ce qu’il subsiste et reste de ces innombrables recherches qui s’ouvrent vers l’insondable.