Val-Dieu
On ne connaît pas grand chose de la bibliothèque de l’ancien régime. Elle était relativement modeste, pas plus de 2000 à 3000 livres. Les moines eux-mêmes pouvaient posséder leurs propres livres dans leur cellule et étaient obligés de lire un livre au moment de l’Avent. Lors de la tourmente révolutionnaire, ceux-ci ont pratiquement tous disparu (ventes, vols…). À l’heure actuelle, on ne recense plus que +/- 200 livres portant l’ex-libris de l’ancienne abbaye. Il s’agit surtout d’ouvrages religieux (+ de 85%) avec une forte proportion d’ouvrages de spiritualité. Par contre, les volumes d’estampes réunis au XVIIIe s. par le moine Duriau ont été conservés (sauf 2 volumes) après bien des péripéties. Chaque volume contenait plus de 600 gravures et le tout était répertorié par thème.
L’abbaye a pu reprendre en 1840-41 grâce à deux prêtres du diocèse (le chanoine N. Henrotte et l’abbé Burgers) qui ont racheté les bâtiments et les ont cédés au dernier moine encore en vie.
Ces deux ecclésiastiques ont en outre légué leur bibliothèque. C’était des bibliophiles éclairés. C’est ainsi, avec d’autres dons, que la bibliothèque va s’agrandir au XIXe s. et au début du XXe s. de manière considérable pour atteindre plus ou moins 25000 volumes. Elle sera installée au premier étage et le classement sera classique : chaque armoire a un thème et porte un numéro, chaque planche une lettre (l’armoire 1 est, dans ce type de bibliothèque, consacrée à la Bible). Cette bibliothèque remarquable comportait quelques belles pièces : une trentaine de manuscrits, 12 incunables dont une édition illustrée des sermons de saint Bernard, près de 350 éditions du XVIe s. et une importante collection de livres consacrés à l’ordre cistercien (deux armoires). En outre, elle possédait de nombreux livres de médecine, des atlas extraordinaires (Blaeu, Mercator, Ortelius, Guicciardini…), des livres d’art (les fameux 5 volumes de Piranèse). Malheureusement, pour diverses raisons, la plupart de ces beaux livres ont disparu. Fin des années 1970, un autre problème est apparu : le poids des livres a provoqué des fissures et il a fallu déménager les étagères centrales. Une nouvelle bibliothèque a été construite au 2e étage (noviciat), mais les moines âgés n’ont pas voulu de transfert en raison des marches supplémentaires à gravir.
La bibliothèque possédait aussi une remarquable collection de livres consacrés à la numismatique et à l’héraldique, mais surtout plus de 80000 estampes (la collection la plus importante en Belgique, avec un fonds consacré à la cathédrale Saint-Lambert).
Aujourd’hui, cette bibliothèque a été partagée : les archives sont allées aux archives de l’État, les manuscrits et l’héraldique à l’Université, les livres anciens à la bibliothèque du Séminaire, et les livres des XIXe et XXe sont restés sur place.